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Luzerne et performances zootechniques Ensilage, foin ou enrubannage ?

Les vaches laitières de la ferme expérimentale des Trinottières ont testé la luzerne sous trois formes : ensilée, enrubannée ou en foin. La Chambre d’agriculture du Maine-et-Loire a conclu de cette expérience qu’il est possible d’alimenter les animaux à hauteur de 50 % de luzerne en maintenant de bonnes performances zootechniques. Cependant, au niveau de la production laitière, les différents modes de conservation de la luzerne ne se valent pas toujours.

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La consommation de la luzerne reste identique à la ration 100 % maïs. Les différences s'observent sur le lait brut et les taux. (© Terre-net Média)

« La luzerne est riche en matière azotée, mais déconcentre la ration en énergie, explique Benoît Rouillé de l’Institut de l’élevage. A la ferme expérimentale des Trinottières (49), nous avons testé trois menus hivernaux comprenant chacun une demi-ration de foin, d’ensilage ou d’enrubannage de luzerne. La part de fourrage restant était apportée par l’ensilage de maïs. »

Baisse du lait avec le foin

« Quel que soit le mode d’affouragement, l’appétence et la consommation de la luzerne se situe au même niveau que pour la ration témoin composée à 100 % de maïs. Par contre, nous avons observé des différences sur la production laitière et les taux. »

Le foin entraîne une baisse sensible de la production de lait brut (-3,2 kg de lait/VL/j) par rapport à la ration témoin, du fait d’une valeur énergétique faible. Les taux protéique et butyreux se sont maintenus. Aucune différence significative de production n’a été observée entre la ration à base de 50 % d’ensilage de luzerne et la ration témoin.

L’essai avec la luzerne enrubannée a montré une baisse significative du TP et un maintien des autres critères. « La luzerne est déficitaire en Ufl et peut pénaliser le TP. Il est alors nécessaire de compléter la ration avec des céréales ou une VL du commerce. L’ensilage et l’enrubannage de luzerne, récoltés dans de bonnes conditions et bien conservés permettent de maintenir les performances laitières si la ration est complémentée en énergie », conclut Benoît Rouillé.


Afin d’optimiser les valeurs énergétiques et protéiques, la luzerne doit être récoltée lors de l’apparition des bourgeons
(0,83 Ufl en vert). L’ensilage et l’enrubannage présentent des Ufl allant de 0,74 à 0,82. L’énergie contenue dans le
foin est plus faible (0,62 à 0,67 Ufl).   (© Institut de l'élevage)

 Conserver les feuilles à la récolte


« L’enrubannage, bien que plus onéreux, reste la technique
la plus adaptée à la luzerne et permet de récolter plus tôt.
»
(© DR)

Riche en vitamines et en fibres, la luzerne favorise la rumination. Son fort pouvoir tampon prévient le risque d’acidification du rumen mais rend sa conservation en ensilage difficile.

« En effet, la luzerne est une plante peu pourvue en sucre. » Or, lors de la fermentation, les sucres confèrent le pouvoir acidogène à l’ensilage qui assure sa bonne conservation. Selon Benoît Rouillé, « l’ajout de conservateur est quasi-systématique ». Une coupe fine favorise la fermentation, le tassement du silo, ainsi que l’appétence de l’ensilage.

 « En foin, la clé de réussite réside dans la conservation des feuilles, riches en protéines. » Pour cela, les choix des variétés, du matériel de fenaison ainsi que des heures de fanage sont essentiels. « L’enrubannage, bien que plus onéreux, reste la technique la plus adaptée à la luzerne et permet de récolter plus tôt. »

Sécuriser le système fourrager en zones séchantes


« A la ferme des Trinottières nous obtenons un rendement de 10 à 12 tMS/ha sans irrigation. » (© Terre-net Média)

La luzerne permet de réduire significativement l’apport du maïs et d’économiser en partie l’usage de correcteur azoté. Cette légumineuse améliore l’autonomie alimentaire de l’élevage, notamment en conditions séchantes où le maïs peine à exprimer son potentiel de rendement.

« A la ferme des Trinottières, nous effectuons trois à quatre coupes de luzerne par an au stade début floraison. Sur de bonnes parcelles, nous obtenons un rendement d’environ 10 à 12 tMS/ha sans irrigation, tandis que l’apport d’eau est nécessaire sur les maïs. »

 

 

 

 Pour en savoir plus : Dossier spécial luzerne

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